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Canicule, littérature, santé

La météo change, tout change.
Le climat bien sur mais pas seulement. Notre résistance physique, notre façon de vivre, le comportement des lecteurs, les ennuis de santé que la canicule révèle.

Il ne va bientôt plus rester que Donald Trump pour nier l’existence du réchauffement climatique.  Curieux comme ce prénom des bandes  dessinées de mon enfance ne me fait plus rire depuis que son homonyme autorise à tout va l’exploration du gaz de schiste, sort de l’accord de Paris limitant nos émissions, et sème la seule chose que peut semer un citadin milliardaire par héritage : la zizanie dans le monde. Il fait chaud tôt cet été. Très chaud.

Les amis parisiens souffrent sous 27 degrés. Je me croyais habitué à vivre dehors avec 30 degrés.

Il en fait 35 durablement.

Sans vent. Jour et nuit.

Avec des pointes a 45 degrés certains jours. Ces jours-là, l’air que je respire brûle mes poumons. Je me crois en Afrique de l’Ouest à partir du mois d’avril. Même temperature, air très sec.

L’ennui, c’est que le mercure grimpe d’une année sur l’autre. En décembre 2018, la CASAMANCE à connu son premier hiver à 35 degrés. J’y étais. Dans le passé, 27 degrés, c’ était le maximum en brousse, entre Ziguinchor et Kolda;  nos amis casamançais enfilaient pull ou anorak, c’est dire!

Ce qui change aussi, c’est moi, c’est nous. Passé 10h, tous aux abris. Nous nous enfermons,  fermons les volets,  baissons les persiennes. L’été, nous devenons des morts vivants. Notre résistance diminue- t-elle? Poser la question, c’est déjà y répondre. La suite immédiate précisera à quel point, patience, patience…

Cette page d’écriture m’aide à comprendre le comportement estival des lectrices. Elles sortent peu, elles aussi. En tout cas elles ne fréquentent moins les librairies, beaucoup moins les salons du livre. Elles vont à la plage, tiens. En montagne. Au bord des rivières et des lacs. Partout où elles pourront se rafraichir.

C’est moi qui ai tort de ne pas changer. Je fréquentais encore salons du livre et librairie début juillet, dans l’espoir de discussions et de dédicaces.

2 insuccès saignants vont-ils me guérir?

Le premier avait pour cadre la médiathèque de Capestang. Je ne m’étais jamais arrêté à Capestang. J’avais longé le canal en allant vers Narbonne et Carcassonne. Les touristes navigaient au rythme lent de leurs péniches de location. C’était beau. Pourquoi pas la médiathèque de Capestang un 30 juin? Évidemment, le fait que le local de la médiathèque accueille les auteurs me paraissait de bon augure.

Erreur. La médiathèque n’avait rien à voir dans l’histoire. Elle prêtait ses locaux, c’est tout. Une association organisait. Très bien pour ses intérêts. Pas du tout pour ceux des auteurs. Son site internet vantait ce qu’il appelait des « rencontres culturelles « . Culturelles, tu parles. Rien de culturel là-dedans, sauf la culture qu’apportent auteurs et peintres. Ni lecture, ni conférence. Pas de public,  les exposants mis à part. Waterloo morne plaine! 2 échanges en tout et pour tout. Il est vrai qu’il faisait chaud avant d’arriver dans la médiathèque climatisée. Pourquoi l’association n’avait-elle pas annulé la veille , comme je l’avais suggéré en lisant l’alerte préfectorale? Par cupidité, tiens. Elle fait payer 15€ chaque auteur. C’est un attrape couillons,  rien d’autre. Peintres et auteurs dans le rôle de couillons. J’en étais, j’ai compris après coup, lorsque se sont envolées les apparences trompeuses du site internet très professionnel (pardi, il s’agit d’encaisser, la boutique de vente en ligne est opérationnelle!), le titre dans lequel l’adjectif « culturelles » flotte comme un étendard, l’accueil dans une médiathèque.  Je l’ai dit au « Président « lorsque je suis parti, très tôt , vers 14heures. 2 éditeurs me l’ont confirmé après coup, ils étaient tombés dans le même panneau un ou deux ans auparavant. Trop tard.

Une mésaventure d’un tout autre genre m’est arrivé le 13 juillet à Saint Jean du Gard. La canicule n’y est pour rien. il faisait bon; un petit air rafraîchissait la température qui n’atteignait pas 28 degrés jusque vers 11 heures. L’immeuble haut au pied duquel se trouve la librairie m’a abrité des rayons du soleil toute la matinée. Alors? Alors, deux ou trois choses clochaient. La principale tenait au chassé-croisé des vacanciers; ceux qui terminaient leur séjour quittaient la location de vacances ce samedi matin; leurs successeurs n’étaient pas arrivés. A l’exception notable des néerlandais, allemands, espagnols, aucun ne parlant notre langue. Ne la lisant pas, à fortiori. Restaient les autochtones. Fauchés ou peu portés sur les romans d’un type dont le nom pourtant me parle, quelques uns se sont arrêtés en parlant patois, par goût ou pour tester..Une lectrice m’a appris avoir lu et aimé « Désert intérieur « , acheté chez Coularou, c’est une cigaloise .

Autre mauvaise surprise, sans rapport avec la canicule. En faisant le point avec le libraire, je ne vois aucun de mes romans précédents en rayons. Il cherche et les trouve en arrière boutique. Probabilité nulle qu’il en vende en mon absence. Erreur encore : il en avait vendu, divine surprise.

Je retournerai à St Jean du Gard, que j’aime, et dont le patron me lit, il n’accepte apparemment d’auteurs en dédicace qu’à la condition d’avoir lu et apprécié leurs livres. Plus jamais à Capestang, promis.

Je continue à méditer sur le foutu rapport qu’il doit bien y avoir entre canicule et littérature pour que soient possibles les deux situations ci dessus. Un passe récent me fournit un embryon d’explication : il n’a pas que plages, rivières et lacs, grottes et montagnes qui apportent de la fraîcheur par cet été caniculaire. Il y a des magasins ou l’ on est quasiment obligés d’aller et qui sont parfaitement climatisés. Oui, vous avez compris, je parle des supermarchés. Effectivement, maintenant que j’y pense, les 2 supermarchés qui m’ont accueilli en début d’été connaissaient une affluence record. Placé  à l’entrée du magasin, j’étais bien placé pour juger du nombre. Mille bolides à roulettes se précipitaient pour passer les portes coulissantes à vive allure. Ensuite, leurs conducteurs ralentissaient, compulsaient leurs listes de courses, papotaient, se désaltéraient à l’une des bouteilles géantes offertes pour faciliter la déshydratation. Et donc regardaient mes livres, tiens; ceux de l’association Ponteranga surtout et c’est très bien, ils ont eu du succès.

Le climat change, donc. Les façons de vivre aussi. Les commerçants également.

Je me suis aperçu que des employées de supermarchés, leurs responsables, leurs patrons lisaient les auteurs avant de les sélectionner.  Et ce ne sont pas des mots en l’air : la responsable du rayon a INTERMARCHE St GELY du Fesc a fait afficher sur mon stand une longue et belle dédicace dans laquelle elle faisait référence à des passages de mes livres et les commentait.. Elle témoigne de ses lectures et je la remercie pour tout : m’avoir lu, avoir aimé, en parler, m’accueillir.

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Tous les libraires hélas ne le font pas. Le patron de l’Intermarché LAROQUE a pris le temps de me recevoir longuement; puis il a  affiché ma biographie et propose tous mes livres sur un mètre linéaire de rayons, de haut en bas! Chapeau! Belles rencontres.

Du coup, je change moi aussi. J’étais réticent à la perspective de commenter mes romans entre deux annonces publicitaires ou sous un flot de musique. Il est vrai que mes ennuis de santé passés me rendaient la chose difficile. Je me sens mieux. Impression ou réalité? Je ne savais pas début juillet, mais je me sentais mieux, la suite m’en apprendrait de belles!.. Alors oui, à ce moment-là, je dédicidai que je dédicacerai aussi en grande surface, dans la limite de 3 heures, ma résistance a des limites. Tout en restant fidèle aux libraires qui m’apprécient . Ganges le 2 août. Le Vigan le 9. St Hippolyte du Fort le 16. Ceci entrecoupé de salons montagnards ou frais au dessus de Lamalou, à Colombieres sur Orb et à l’Esperou.

Patatras.


Les aléas de la vie font que je dois interrompre mes dédicaces jusqu’à fin aout sans doute, peut-être plus.

Une intuition (plus que des sensations) m’avait conduit à consulter un cardiologue en dépit de l’absence de signe, de ma forme physique et, je crois, ma tonicité.

Bien m’en a pris. Tout était normal, sauf, un peu, le test d’effort; la scintigraphie d’effort avait aplani le moindre doute. 90% de bon, 10% d’aléa.

Le cardiologue a souhaité les enlever, ces doutes, les siens surtout, moi, je n’en avais pas; mais j’ai suivi ses conseils, pris rendez -vous très vite au bloc opératoire pour en avoir le coeur net.

Le coeur, tiens. Il n’était pas aussi net que je le croyais. Les deux artères gauches du coronaire étaient bouchées, bien que je ne ‘ai pas de cholestérol, pas de surpoids, pas de glycémie.

Opération lourde lundi 22 juillet matin. Coeur arrêté une heure, c’est impressionnant.

Et dire que j’ignorais tout de ce souci! Les spécialistes assurent que je ne dois ma survie sans infarctus ni AVC qu’à mon hygiène de vie et ma pratique sportive.

Sauf que j’étais, il y a moins de 5 mois, à 3000 mètres d’altitude dans un paysage désert qu’aucun hélicoptère n’aurait desservi : au Lesotho, au Drakensberg sud africain, des montagnes à perte de vue.

Donc, mille excuses aux libraires et lecteurs, cas de force majeure!!

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